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  • Photo du rédacteurBoris Charpentier

Les français et les psy

Dernière mise à jour : 17 oct. 2020




Le recours à la psychothérapie en France au cours de la vie concerne à peu près 4 millions de personnes. Qui consulte un psy ? Pourquoi ? Quelles sont les résistances et les tabous ? Cet article propose quelques éléments de réponse.

Ce que recouvre empiriquement le terme de psychothérapie présente une grande variabilité. La variabilité de la psychothérapie concerne les pratiques — la durée notamment — les méthodes utilisées, les modalités de mise en œuvre, l’articulation avec des traitements autres. À tel point qu’il convient bien de parler plutôt des psychothérapies que de la psychothérapie.

Plusieurs facteurs sont positivement associés au fait d’avoir suivi une psychothérapie au cours de sa vie : le sexe (deux tiers sont des femmes), l’âge, la situation familiale, le niveau d’étude, la catégorie socioprofessionnelle et le lieu d’habitation.

Globalement, 70% des consultants sont des femmes qui, dans plus de la moitié des cas, vivent seules. Sur dix personnes qui consultent, six le font en raison d’un trouble psychique dont elles ont conscience et 11% recourent à de tels professionnels de façon non programmée pour « améliorer le moral ». La détresse psychologique est donc une réalité fréquente entraînant des difficultés très importantes dans la vie quotidienne : une personne sur quatre est limitée depuis au moins six mois dans ses activités courantes pour raison de santé, contre une sur huit dans la population générale.

Sur le plan des pathologies, les dépressions représentent un quart du total des recours aux soins (y compris médecins généralistes) contre 7 % pour les psychoses. Parmi les motifs de recours aux soins en établissement, la part des dépressions semble augmenter et celle des retards mentaux et des démences diminuer (INSEE/DREES, 2003).

Les psychiatres accueillent la moitié des consultants en santé mentale et surtout des adultes de 30 à 59 ans. La grande majorité a conscience d’un trouble psychique (76%), d’autres consultent pour améliorer leur moral (21%) ou en raison de difficultés sociales (interruption professionnelle depuis plus de 6 mois : 24%, limitation des activités courantes : 34%).

Les psychologues reçoivent davantage de jeunes, soit les trois quarts des moins de 20 ans qui consultent en santé mentale (229.000 jeunes). Un sur cinq débute les consultations dès l’âge de la maternelle. À côté de la détresse psychologique, on retrouve souvent un autre trouble de santé non psychique (maladie, hospitalisation, consultation spécialisée). Les consultations pour difficultés scolaires sont aussi assez fréquentes.

Les psychologues sont également largement consultés par des adultes (234.000), principalement des femmes (deux consultants adultes sur trois), célibataires ou divorcées, de niveau scolaire supérieur à la moyenne nationale, mais ayant une vie professionnelle perturbée (chômage, arrêt de travail pour raison de santé…). Ces adultes déclarent un état de santé moyen ou mauvais et des activités courantes limitées. Ils consultent aussi plus souvent les médecins et les autres spécialistes.

On a pu évaluer à 56 % l’augmentation du nombre de personnes suivies par les secteurs de psychiatrie en dix ans (de 1989 à 1999) et à 19,4 % celle des consultations par les psychiatres de ville entre 1992 et 2001 (INSEE/DREES, 2003).

En 2009, la Fondation FondaMental a commandité une étude à Ipsos sur les perceptions et représentations des maladies mentales au sein de la population française.

Les résultats ont pointé un décalage important entre la notoriété de ces pathologies et la connaissance effective qu’en ont les Français. Pour 47% d’entre eux, les maladies mentales sont associées à des dénominations négatives (débile, attardé, aliéné, dément …).

Une « acceptation sociale » différenciée selon la maladie : Parmi les 3 pathologies étudiées plus spécifiquement par la Fondation FondaMental, la schizophrénie est sans nul doute celle qui génère le plus d’inquiétudes : 74% des Français considèrent qu’un schizophrène représente un danger pour lui-même ; 65% pour les autres (alors même que les chiffres sont là : seulement 0,2% des patients atteints de schizophrénie peuvent potentiellement être dangereux pour les autres). En revanche, le taux d’« acceptation sociale » est plus élevé pour les maladies maniaco-dépressives et pour l’autisme : 80% des personnes interrogées accepteraient de travailler avec une personne atteinte d’autisme (67% pour les maniaco-dépressifs) et 90% des personnes interrogées accepteraient que leurs enfants soient dans la même classe qu’un enfant autiste (65% pour les maniaco-dépressifs). La meilleure connaissance qui entoure ces pathologies et les campagnes d’information dont elles ont fait l’objet tendent donc à prouver qu’un effort d’information contribue au changement des représentations.

Le tabou : Les Français ont encore du mal à dire qu’ils sont, eux-mêmes, atteints d’une maladie mentale (ils sont seulement 5% à déclarer être ou avoir été atteint d’une maladie mentale) mais ils sont, en revanche, 62% à considérer qu’ils pourraient un jour être atteint d’une maladie mentale.

Un défi de santé publique : La prévalence dans la société des maladies mentales est, quant à elle, évaluée à sa juste ampleur. Les Français estiment en effet à 27% la part de la population française qui a été, est ou sera un jour touchée par une maladie mentale. C’est le chiffre officiel de la prégnance de la maladie au niveau européen !

Un déficit d’information regretté : Enfin, un déficit d’information nourrit les doutes sur l’efficacité des traitements et la performance de la recherche. Plus d’1/3 des personnes interrogées jugent les traitements médicamenteux ou psychothérapies inefficaces. et une large majorité (70%) estime que le diagnostic de ces maladies est trop tardif. De plus, 51% des Français estiment que la recherche n’est pas efficace alors même que de l’avis quasi unanime (90%), elle doit constituer une priorité de santé publique. Quant à l’information, 2/3 des Français s’estiment insuffisamment informés, et ce quel que soit le canal.

Selon l’enquête TNS Sofres réalisée du 13 au 17 juin 2013, auprès d’un échantillon de 1003 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, interrogés online auprès du panel TNS Sofres [7], plus d’un Français sur 4 (28%) reconnaissaient avoir déjà consulté un psychiatre, un psychologue ou un psychanalyste : dans le détail, 7% consultent au moment du sondage, et 21% ont consulté dans le passé. Des consultations de spécialiste qui concernent autant les ruraux que les personnes qui vivent en ville.

Les principales raisons qui conduisent à consulter sont la dépression (33 % des sondés) et un sentiment, plus diffus, de « mal-être » (31 %) devant les problèmes de stress et d’anxiété (21 %), les ennuis familiaux (18 %), « le décès d’un proche » (13%), « des ennuis de santé » (12%) ou encore « professionnels » (11%). Pour tout un chacun, consulter relève d’un faisceau de raisons. On consulte parce qu’on sait que quelque chose ne tourne pas rond, qu’on sent qu’il y a « problème » et que l’on cherche un « traitement ». Pourtant, 6% déclarent avoir commencé leur thérapie « pour mieux se connaître ». Un chiffre qui rappelle qu’une psychothérapie sert également à savoir qui l’on est. Si l’un des objectifs est bien souvent de réduire ou éliminer les symptômes gênants (dépression, anxiété, troubles sexuels, alimentaires, du sommeil…) ou les impasses de notre vie relationnelle, le psy est aussi là pour nous aider à saisir comment tous ces problèmes font partie de notre être.

Les résistances : 58% ne sont pas tentés quand 14% y songent ; autrement dit, 72% des Français déclarent ne jamais avoir consulté. Et s’ils n’ont jamais poussé la porte du psy, c’est d’abord parce qu’ils ont l’impression de « ne pas en avoir besoin » (62% des citations). Dans le même temps – répondant à des préoccupations financières propres au contexte économique que l’on connaît – ces Français évoquent encore le prix des consultations : 23% de ces Français estiment que « c’est trop cher ». A cela s’ajoute, pour les Français qui n’ont jamais consulté, un « soupçon d’inefficience » : 17% mentionnent qu’ils ne croient pas « que cela soit efficace ». La démarche implique que l’on vienne se confier à quelqu’un que l’on ne connaît pas. Cet élément de la consultation trouve un écho (négatif) chez ceux qui n’ont jamais sauté le pas : ainsi, 14% n’ont pas envie de parler de leur intimité ou préfèrent en parler avec des amis, 11% ne savent pas à qui ils peuvent avoir confiance et qu’ils ne sauraient donc qui aller voir. Enfin, certains admettent qu’ils n’ont jamais eu le courage de sauter le pas : 8% avouent ne pas avoir « osé faire la démarche ».

Une large partie des Français qui ont arrêté de voir le psy (69%) explique qu’ils ont mis fin aux consultations parce qu’ils « se sentaient mieux ». En bilan, 38% de ces Français en fin de parcours psy estiment qu’aujourd’hui, « ils se sentent mieux » mais aussi 33% qu’ils « voient les choses différemment ». Les consultations ont donc contribué à apaiser leur mal-être, tout en leur offrant la possibilité d’envisager d’autres perspectives, une occasion d’envisager leur propre vie autrement. A cette même question, 18% ajoutent qu’ils « se connaissent mieux », 16% qu’ils ont « davantage confiance en eux » et qu’ils ont « moins d’angoisses et de stress ». Plus globalement, 62% considèrent que leur psychothérapie les a « aidés ». Dans le détail, 31% déclarent que cela les a « beaucoup aidés » et 31% « assez aidés ». Mais cela ne marche pas à tous les coups : 25% jugent que cela les a « un peu aidés » et 13% que cela ne les a pas du tout aidés.

Un sondage réalisé par Médiaprisme auprès d’un échantillon représentatif de 1 064 Français, en décembre 2014, montre que 33 % des Français ont déjà consulté un psy pour une thérapie de courte ou de longue durée. Chez les femmes, ce chiffre grimpe à 40%. Pour 65% des patients, l’expérience fût positive et pour 92% de ceux qui consultent régulièrement, il s’agit d’un investissement dans lequel ils trouvent un réel bénéfice. Ce taux de satisfaction monte à 70 % pour les femmes. Un Français sur trois pense même que tout le monde devrait aller voir un psy au moins une fois dans sa vie.

65% des patients jugent que la consultation chez un psychologue ou chez un psychiatre est utile. 45% des 25-34 ans recommandent même à leurs proches de tester l’expérience une fois dans leur vie. Enfin 31% des personnes interrogés pensent que même sans sentiment de mal-être ou de dépression, il est utile de consulter.

Si prendre un rendez-vous chez le « psy » passe pour un acte tout à fait banal, les chiffres concernant les hommes seraient légèrement faussés. Dans la culture occidentale les hommes seraient encore trop habitués à devoir se montrer sous leur meilleur jour et à cacher quand ils vont mal. Certains préfèreront ainsi ne pas évoquer le fait d’être suivi souligne Mediaprism.

Un sondage « les français et la santé mentale » réalisé par Opinionway, en décembre 2014, pour le compte de la mutuelle des personnels de l’Education nationale, la MGEN [8], révèle que 1 personne sur 5 déclare être ou avoir été suivie pour un problème psychologique. Près de 11% des Français sont suivis actuellement pour un problème psychologique ou de santé mentale. Et 7% de la population l’a été dans le passé.

La quasi-totalité des français (96 % ) pensent que tout personne peut un jour développer une maladie mentale, même s’il restent 58% à penser que les personnes attentes de maladies mentales sont potentiellement dangereuses pour les autres.

8 personnes sur 10 considèrent que la meilleure réponse aux souffrances psychique est la psychothérapie. Vient ensuite le soutien de l’entourage à 66%, un traitement par médicament à 58% et enfin l’hospitalisation à 47%.

L’organisation du système de santé mentale reste mal connue. Les médecins généralistes ne sont pas jugés comme les plus adaptés sur les questions de santé mentale : ils restent les référents sur les problématiques de sommeil et de stress, mais s’effacent au profit des autres professionnels sur les troubles plus importants (dépressions, idées sombres et suicidaires, maladies mentales en général). Les structures de proximité en cas d’urgence psychiatrique sont également peu connues. Les sondés sont relativement peu nombreux à savoir s’il existe, à proximité de chez eux, des centres de consultation psychiatrique publics (moins d’un répondant sur 2) ou une équipe soignante pouvant proposer des consultations, des visites à domicile et des hospitalisations (1 sur3). En revanche, 67% citent les urgences de l’hôpital, dont ce n’est pas la vocation première.

Les français se sentent insuffisamment, voire pas du tout informés sur la santé mentale : 82% sur l’organisation de l’offre de soins (médecins, hôpitaux, autres professionnels) en santé mentale, 82% sur les médicaments utilisés pour les problèmes psychiques (leur efficacité, leurs effets indésirables, leur utilisation), 79% sur les maladies mentales en elles-mêmes, 79% sur la souffrance psychique, la santé mentale en milieu professionnel, 76% sur la souffrance psychique chez les adolescents, 40% sur les risques liés à l’alcool ou à la drogue (Total des réponses: « insuffisamment informés» et «pas du tout informés».

La psychothérapie est souvent mise en œuvre lors d’un problème psychologique, mais peu à l’initiative des médecins : 14% ont suivi une psychothérapie sur proposition de leurs médecins généralistes, 15% sur proposition de leurs psychiatres et 28% de leur propre initiative.

Les français se sentent peu informés sur la santé mentale.

En 2014, Ipsos a mené une nouvelle enquête pour la Fondation FondaMental et le groupe de protection sociale Klesia [9], miroir d’une 1ère enquête menée en 2009.

  • Les Français se sentent majoritairement touchés par les maladies mentales mais leurs connaissances sur le sujet restent faibles. Les peurs et les idées reçues persistent, malgré une évolution légère des perceptions.

  • Les Français expriment un besoin très fort d’information perçue comme une priorité pour améliorer la prise en charge et la prévention !

Vous pouvez lire l'intégralité de cet article sur : http://www.ifemdr.fr/les-francais-et-les-psy-2/

Sources :

[1] http://www.fondation-fondamental.org/page_dyn.php?page_id=MDAwMDAwMDA0MQ==

[2] http://www.tns-sofres.com/publications/les-francais-et-la-psy

[3] https://www.mgen.fr/le-groupe-mgen/actualites-et-presse/toutes-nos-actualites/detail-dune-actualite/article/etude-mgen-opinionway-les-francais-et-la-sante-mentale/ et https://www.mgen.fr/fileadmin/documents/5_Le_groupe_MGEN/Communiques_de_presse/2014/20141204_Enquete_MGEN_OpinionWay_sante_mentale.pdf

[4] Statistiques en psychiatrie en France. http://drees.social-sante.gouv.fr/IMG/pdf/rfas200401-art11.pdf et http://ifrhandicap.ined.fr/hid/hiddif/HTML/er231.pdf

sante.gouv.fr/IMG/pdf/article200912t1.pdf

[7] http://www.tns-sofres.com/publications/les-francais-et-la-psy

[8] https://www.mgen.fr/le-groupe-mgen/actualites-et-presse/toutes-nos-actualites/detail-dune-actualite/article/etude-mgen-opinionway-les-francais-et-la-sante-mentale/ et https://www.mgen.fr/fileadmin/documents/5_Le_groupe_MGEN/Communiques_de_presse/2014/20141204_Enquete_MGEN_OpinionWay_sante_mentale.pdf

[9] http://www.fondation-fondamental.org/page_dyn.php?mytabsmenu=6&lang=FR&page_id=MDAwMDAwMDM0MQ== etg http://www.fondation-fondamental.org/upload/pdf/rapport_ipsos_complet.pdf

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