Selon une étude publiée dans la revue « Clinical Psychological Science » , interpréter différemment les manifestations somatiques du stress est une stratégie particulièrement efficace pour réduire l’anxiété liée à la prise de parole en public.
Porter un regard nouveau sur les manifestations physiques du stress tels que les tremblements, les palpitations cardiaques ou encore les mains moites, aide à gérer l’anxiété.
La principale difficulté que nous pouvons rencontrer provient de notre tendance à considérer que tout stress est mauvais. En effet, nous interprétons souvent les sensations corporelles associées au stress comme un signal nous informant que la situation va mal se passer. En réalité, ces sensations indiquent simplement que le corps se prépare à faire face à une situation exigeante. En mobilisant l’ensemble de ses ressources, le corps pompe plus de sang vers les principaux groupes musculaires et oxygène davantage le cerveau.
La réaction de l’organisme face au stress lié aux situations sociales est la même réponse de combat ou de fuite que nous adoptons quand nous sommes confrontés à un danger physique. Il s’agit d’une réponse adaptative qui améliore les performances.
Pour un certain nombre d’individus, en particulier pour ceux qui souffrent d’anxiété sociale, le trac face à la prise de parole en public peut rapidement basculer dans l’attaque de panique.
Si nous pensons que nous ne sommes pas capable de gérer ce stress alors nous avons plus de chances de nous sentir face à un danger et d’expérimenter cette menace. Lorsqu’il se sent menacé, le corps réagit de façon à centraliser une plus grande proportion de sang et à restreindre la circulation dans les bras, les jambes et le cerveau.
Bien que la respiration diaphragmatique soit très efficace dans la gestion du stress, cela est surtout le cas pour les situations ne nécessitant pas de performances particulières. Aussi, en vue de faire face à un examen important, un entretien d’embauche ou à une prise de parole en public, adopter un point de vue différent envers le stress et ses manifestations somatiques peut être une stratégie particulièrement efficace.
Les chercheurs W. Berry Mendes et M. Nock de l’université de Harvard ont mené une expérience sur un échantillon d’adultes dont la moitié avait des antécédents d’anxiété sociale. Chaque participant a été amené à parler pendant 5 minutes de ses forces et faiblesses avec seulement 3 minutes de préparation.
La moitié du groupe a été sensibilisé aux bénéfices que représentent les réponses de l’organisme face au stress : Les participants étaient invités à ré-interpréter leurs sensations corporelles comme bénéfiques et lire trois résumés de recherches portant sur les bienfaits du stress.
Pendant qu’ils s’exprimaient face à un jury, les participants recevaient un feedback très négatif de la part des juges.
Le recueil des données cardio-vasculaires a permis de mettre en évidence que ceux qui n’avaient pas été préparés à la gestion du stress ont expérimenté une réponse à la menace. A l’inverse, le groupe qui avait été préparé a mieux résisté à l’épreuve ; les participants ont eu le sentiment d’avoir plus de ressources à disposition pour exécuter la tâche et leurs réactions physiologiques ont corroboré ces perceptions.
Etonnement, les participants souffrant d'anxiété sociale n’ont pas enregistré une plus forte activation physiologique, en dépit d’une plus grande appréhension avant l’étude.
Ces résultats viennent soutenir la théorie selon laquelle l’expérience de stress aigu ou de stress à court-terme est déterminée par la façon dont sont interprétés les sensations corporelles. En d’autres termes cela soutient l’idée que nous construisons nos propres émotions.
Sources : W. Berry Mendes, M. Nock